L’ÂME DU SURF
« Il parlait des vagues comme d’un animal sauvage indomptable, évoquait leur vivacité, leur caractère, leurs humeurs.
L’ouïe est le premier sens à percevoir la vague. Bien avant qu’elle ne se révèle, on est frappé par son grondement sourd. On aime à s’imaginer quelles formes se cachent derrière ce son pareil à une détonation ou à celui d’un papier qu’on déchire. L’onde qui s’écroule produit d’innombrables gammes qui renseignent sur sa puissance ou sa manière de dérouler. J’ai passé de nombreuses nuits à écouter cet écho venu du large : chaque vague qui meurt sur le sable est un chant de sirènes, un appel envoûtant qui fait naître un sentiment mêlé de peur et d’attraction…
Guetter l’onde et emprunter son chemin sont deux actions imbriquées dans un ensemble cohérent. Les quelques secondes passées sur la vague auraient-elles la même saveur sans les minutes d’attente qui les précèdent ?… Le surf se partage entre l’attente et l’action, le calme et l’excitation, tout comme l’océan peut être harmonie ou chaos. C’est au surfeur de trouver l’entre-deux, l’équilibre entre la sérénité de l’esprit et la puissance du corps…
Les vagues qu’on dévale les unes après les autres sont des moments de rareté mis bout à bout qui n’existent que parce qu’ils disparaissent. »
Extrait de « L’instinct de la glisse » de Lodewijk Allaert.